Le Magasin pittoresque
Pour “les curieux de toute chose”, une manière de “Quid” du XIXe siècle.
Entre une description homérique du bouclier d’Achille et un cours sur les travaux du naturaliste Georges Cuvier (1769-1832) se glissent les petits riens qui font le grand tout encyclopédique : rappel des hauteurs de quelques monuments remarquables – au faîte de la colonne Vendôme, la statue de Napoléon Ier plastronne à 43 mètres du sol ; évaluation des vols commis à Londres en l’an 1831 et pour laquelle les domestiques sortent vainqueurs haut la main ; lexique des différentes classes de mendiants dans la langue verte où se distinguent capons et archi-suppôts ; énumération des frais d’établissement des petits métiers de Paris où l’on découvre que marchande de friture demande quatre fois plus d’investissements que chiffonnier !Non, nous ne sommes pas dans les pages des Miscellanées de Mr. Schott, le célèbre ouvrage de « notations utiles ou futiles », mais dans les rayonnages hétéroclites et virtuels du premier numéro du Magasin pittoresque (1833). Quelle jubilation de passer aisément, de lien en lien, du « Moyen de guérir les antipathies » au « Tremblement de terre à Lisbonne » ! Inspiré par le Penny Magazine londonien, le journaliste et homme politique Edouard Charton (1807-1890) a voulu créer un ouvrage à destination d’un public populaire. Pari réussi. Largement illustrée, la revue, conçue pour « les curieux de toute chose » afin d’enrichir « leur vie intérieure » et d’instruire « leur foyer domestique, riche ou pauvre », rend palpable le quotidien du XIXe siècle où souffle encore l’esprit encyclopédique. La BNF, qui a effectué ce travail d’archivage, s’est en plus lancé le défi de classer et sauvegarder la mémoire du Net. Donnera-t-elle aux curieux des siècles à venir un tableau aussi vivant de notre ère numérique ?
Béatrice Kahn
Pour “les curieux de toute chose”, une manière de “Quid” du XIXe siècle.
Entre une description homérique du bouclier d’Achille et un cours sur les travaux du naturaliste Georges Cuvier (1769-1832) se glissent les petits riens qui font le grand tout encyclopédique : rappel des hauteurs de quelques monuments remarquables – au faîte de la colonne Vendôme, la statue de Napoléon Ier plastronne à 43 mètres du sol ; évaluation des vols commis à Londres en l’an 1831 et pour laquelle les domestiques sortent vainqueurs haut la main ; lexique des différentes classes de mendiants dans la langue verte où se distinguent capons et archi-suppôts ; énumération des frais d’établissement des petits métiers de Paris où l’on découvre que marchande de friture demande quatre fois plus d’investissements que chiffonnier !Non, nous ne sommes pas dans les pages des Miscellanées de Mr. Schott, le célèbre ouvrage de « notations utiles ou futiles », mais dans les rayonnages hétéroclites et virtuels du premier numéro du Magasin pittoresque (1833). Quelle jubilation de passer aisément, de lien en lien, du « Moyen de guérir les antipathies » au « Tremblement de terre à Lisbonne » ! Inspiré par le Penny Magazine londonien, le journaliste et homme politique Edouard Charton (1807-1890) a voulu créer un ouvrage à destination d’un public populaire. Pari réussi. Largement illustrée, la revue, conçue pour « les curieux de toute chose » afin d’enrichir « leur vie intérieure » et d’instruire « leur foyer domestique, riche ou pauvre », rend palpable le quotidien du XIXe siècle où souffle encore l’esprit encyclopédique. La BNF, qui a effectué ce travail d’archivage, s’est en plus lancé le défi de classer et sauvegarder la mémoire du Net. Donnera-t-elle aux curieux des siècles à venir un tableau aussi vivant de notre ère numérique ?
Béatrice Kahn
Voici par exemple l'article de la cathédrale de Rouen, p13 vous vous rendrez compte que le clocher n'est pas identique à celui que vous connaissez....